Ouverture de I Amsterdam.

J'ai toujours adoré les miroirs...

Objets énigmatiques et imprévisibles; ils sont les seuls en mesure d'éclairer le monde de leur regard critique et cassant. Ce soir, j'ai tourné le grand miroir à pied vers l'horizon, ses prunelles invisibles caressant le manteau brumeux d'Amsterdam.

Les rayons chaleureux de l'astre semblent inéluctablement fuir la morsure obscure de la nuit. Les rues endiablées et bruyantes ne sont plus le théâtre que de la dangerosité de la nuit; glaciale et inconsciente. J'aime à penser que mes yeux me jouent des tours; que cette facette de la ville n'est que le fruit de mon imagination trop productive...

Mais j'ai tort... Odieusement tort.

Ont fui les sourires radieux et les bavardages insouciants. Ont fui les éclats de rire enfantins et le mystère des arcanes historiques des rues de la ville. Il ne reste vraisemblablement plus du jour qu'une vague silhouette délavée à peine reconnaissable. L'habit terne de la Lune a goulument enveloppé l'apparente candeur des passants; déversant sur ce monde nouveau ténébreux un amer goût de dépravation...

Les grandes dames laissent dangereusement place à ces filles de joie seulement vêtues de leurs formes rondelettes à demi couvertes par cette honte grandissante qui est née sur leur visage la nuit tombée. L'obscurité est leur scaphandre, et leur plus grande peur sont ces heures de débauche et d'arrogance... Pourtant, dans cet air empli de tabac froid, certaines veulent remonter le temps.

Et faire de ce chemin de Dante la réplique parfaite d'Amsterdam lorsqu'elle est baignée par la caresse rougeoyante du soleil...

Et en voici un deuxième:

" Revois deux fois pour voir juste ; ne vois qu'une fois pour voir beau. "

Assise à la terrasse d'un café des plus ordinaire, une jeune femme observe Amsterdam. Sa ville. Une ville que les cartes postales représentent sous ses traits architecturaux inchangés depuis le XVIIème siècle. Devant elle, s'étale une place, traversée par des Amstellodamois agités ou d'autres encore, bien en scelle qui s'ajoutent à l'animation.
Après avoir payé la note, la jeune femme rejoint son lieu de travail. Mais pour cela, il lui faut passer par les bords d'un canal. Une balade poétique dont elle ne se lasse jamais. Surtout à ces heures où le soleil se couche.
Mais son travail l'arrache encore une fois à ce spectacle. Le canal s'efface, pour laisser place à des rues dont la poésie est toute autre. Les néons d'un Coffee Shop illumine son visage, tendit qu'un groupe d'étudiant s'infiltre dans le bar.
De peur d'être en retard, elle presse le pas. Le quartier rouge s'ouvre devant elle, comme à son habitude. Et c'est ici qu'elle travaille, dans ses vitrines de prostituées, exploitées, soumises. Les touristes sont nombreux à venir ici. Ses magasins particuliers ont aussi leurs lots d'habitués. Mais ne vous méprenez pas : vous trouverez plus qu'à la ville, de la solidarité et de l'amitié.

A Amsterdam, chacun voit ce qu'il souhaite voir. Cette énigmatique jeune femme et ses semblables n'existe pas pour certains. Comme ce groupe d'étudiant.
A vous de voir.

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